Thomas SANKARA “L’immortel” 1/5

Un homme intègre

A la tête de la révolution burkinabé, le capitaine avait fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités. Dès sa prise de pouvoir le 4 août 1983, Thomas Sankara fait de la bonne gouvernance l’un des piliers de sa révolution. Il impose l’exemplarité autour de lui. Par cette intégrité il a réduit de manière significative le train de vie de l’Etat,  les Burkinabés ont adhéré à sa vision, En s’investissant totalement dans sa mission et en vivant simplement, Thomas Sankara a montré l’exemple. né le 21 décembre 1949 à Yako, en Haute-Volta, d’un père gendarme soucieux de l’éducation de ses enfants. « Pour Thomas, le sens de l’intégrité était poussé à l’extrême. Il était franc  et détestait les injustices. »  il est l’aîné des garçons d’une fratrie de onze . Très vite, il va acquérir le sens des responsabilités. Bon élève, Après le baccalauréat, il est choisi pour suivre une formation d’officier, à Madagascar, et séjourne longuement en brousse auprès des paysans. « Après Madagascar, il est devenu un autre personnage, plus affirmé politiquement .Un jour, il  dit« Et si on s’intéressait à l’avenir du pays ? »  conscient que le développement de l’Afrique doit aussi respecter les chefferies traditionnelles,tout en s’enrichissant d’expériences venues d’ailleurs. ».

La recontre avec Blaise

En décembre 1974, le Mali et la Haute-Volta se livrent à un conflit de quelques jours surnommé « la guerre des pauvres ». Il fait la rencontre de Blaise Compaoré, qui deviendra son ami, son frère d’armes. Deux ans plus tard, on lui confie la tête du Centre national d’entraînement commando . Plusieurs coups d’Etat s’enchaînent en Haute-Volta au début des années 1980. Thomas Sankara, est promu secrétaire d’Etat à l’information (1981), poste dont il démissionne avec fracas en s’écriant : « Malheur à ceux qui veulent bâillonner le peuple ». Puis il devient premier ministre en janvier 1983. Le 4 août, avec son ami Blaise Compaoré mais aussi Henri Zongo et Jean-Baptiste Lingani, ils prennent le pouvoir et Thomas Sankara est nommé président du Conseil national de la révolution (CNR), faisant alors de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités Le camarade président, s’attelle à réduire le train de vie de l’Etat et décide de vendre les limousines des ministres pour rouler, lui compris, en Renault 5. Il impose aussi à ses collaborateurs de déclarer leur patrimoine à une haute autorité et publiquement à la radio. Il vit dans une maison modeste qu’il rejoint parfois le soir en vélo, et ses parents continuent d’habiter dans un quartier populaire.

Le pays des hommes intègres

Il réduit drastiquement les indemnités des fonctionnaires et les dépenses du gouvernement. Les bons d’essence ne sont plus attribués en fonction de la capacité du réservoir des véhicules mais par rapport au kilométrage évitant ainsi les reventes, et les salaires des membres de son gouvernement correspondent à ceux de leur profession. En tant que capitaine, le président perçoit donc une solde mensuelle de 138 736 francs CFA (quelque 212 euros). Au chapitre des économies, il n’autorise la climatisation dans les administrations et les ministères qu’en avril, le mois le plus chaud de l’année. De 1983 à 1985, les dépenses de fonctionnement de l’Etat baissent de 18 %. « Il disait qu’il fallait se serrer la ceinture pour que nos enfants et nos petits-enfants n’aient pas à le faire »,Des écoles, des barrages, des dispensaires, des espaces de reboisement peuvent être construits sur le budget de l’Etat de ce pays considéré comme l’un des plus pauvres du monde. « La révolution va doter toutes les provinces d’au moins une ambulance grâce à l’effort populaire d’investissement . Lui-même se veut irréprochable. « Au cours d’une rencontre à huis clos avec Félix Houphouët-Boigny, le président ivoirien qui propose de lui offrir une mallette de billetsLe président burkinabé ouvre la porte et dévoile la valise à ses collaborateurs pour montrer la tentative de corruption. Ces derniers lui reprocheront de ne pas avoir pris cet argent pour acheter du matériel de santé. » Le 4 août 1984, il renomme son pays Burkina Faso, ce qui, en associant les langues moré et dioula, signifie « pays des hommes intègres ».Au quotidien, Thomas Sankara ne s’accorde aucun passe-droit. Quand un médecin propose à son père,  malade, une évacuation vers la France  en tant qu’ancien combattant , il s’y oppose ne voulant favoriser sa famille. L’homme vit comme un ascète, travaille beaucoup, dort peu, et ne mange souvent que de la bouillie accompagnée d’un soda, qu’il coupe avec de l’eau. 

Thomas l’incompris…

Tout le monde n’est pas prêt aux mêmes sacrifices car  il demande beaucoup à ses collaborateurs et à ses ministres. Dans sa volonté de réforme, il va trop vite et commet des erreurs, comme le remplacement d’enseignants par des révolutionnaires totalement inexpérimentés. Des opposants à la révolution sont réprimés par les Comités de défense de la révolution (CDR) qui se comportent parfois en milice et les syndicats sont réprimés. « Pour le quatrième anniversaire de la révolution, son bilan était critiqueIl s’est rendu compte que des gens l’avaient suivi par effet de mode sans réelle conviction. Thomas est parti avec le sentiment d’être incompris. » Le 4 août 1987, Thomas Sankara fait une pause dans le processus. S’il bénéficie encore d’un large soutien, notamment chez les jeunes, une partie de l’armée, attisée par Blaise Compaoré, numéro deux du CNR, lui devient hostile. Les dissensions avec Compaoré, qui succède à Thomas Sankara pendant vingt-sept années à la tête du Burkina Faso et qui est considéré comme le principal suspect dans son assassinat, ne vont cesser de croître au cours de l’année 1987. « Je lui ai proposé de faire arrêter Blaise, mais Thomas ne voulait pas qu’on touche à un cheveu de son ami, dit Boukary Kaboré, commandant du Bataillon d’intervention aéroporté. Cette amitié était sacrée. » « Même dans sa mort, Thomas est resté honnête et fidèle. Plus de trente ans après, on le cite encore en exemple pour son courage et son intégrité. » le capitaine burkinabé est encore en 2020 la référence de la jeunesse africaine

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